L’arrivée du Libra inquiète les États
Les États n’ont pas l’intention de laisser Facebook menacer leur souveraineté en lançant le Libra.
Annoncé en juin dernier, le lancement du Libra, la monnaie électronique de Facebook, ne laisse personne indifférent, y compris dans les plus hautes sphères de l’État et des organisations internationales. En cause, la crainte que cette monnaie, qui pourrait être adoptée par les 2,4 milliards d’utilisateurs de Facebook, échappe à tout contrôle et porte atteinte à la souveraineté des États. Explications.
Une crypto-monnaie adossée à un panier de devises
Basé sur la technologie blockchain, le Libra devrait, dans un premier temps, servir de monnaie d’échange virtuelle aux utilisateurs des outils de l’univers Facebook. À terme, compte tenu de sa simplicité d’utilisation, de la faiblesse des frais de transaction et de sa stabilité, il pourrait être adopté comme système de paiement bien au-delà du réseau. Sa stabilité étant garantie par le fait que sa valeur ne dépendra pas de l’offre et de la demande, mais d’un panier essentiellement composé de devises peu volatiles (dollar, euro, livre sterling et yen). Quant à sa gouvernance, elle sera assurée par une organisation à but non lucratif de droit suisse basée à Genève.
Une levée de boucliers
Mais si la création du Libra répond à un véritable besoin des utilisateurs, notamment pour effectuer plus simplement des paiements internationaux, y compris des micro-paiements, elle est massivement rejetée par les États et les banques centrales. Réunis en octobre, les membres du G7 ont ainsi réaffirmé qu’une telle monnaie ne pouvait être lancée tant que les problèmes « juridiques, règlementaires et de supervision ne seront pas correctement réglés ». Plus radical, lors d’une conférence de presse, Bruno Le Maire a évoqué des discussions avec l’Allemagne et l’Italie concernant la mise en place de mesures visant à interdire le Libra en Europe. Quant au Japon, il a saisi le FMI afin qu’il examine les implications macroéconomiques du lancement du Libra, dont on se demande s’il n’est pas mort-né…
L’association Libra
Initialement composé de 28 membres (essentiellement des entreprises technologiques et du service bancaire), l’association Libra chargée de la gouvernance de la monnaie n’en comprend plus que 21. Depuis le lancement du projet, PayPal, Visa, eBay, Booking, Mastercard, Stripe et Mercado Pago ont, sous la pression des autorités, quitté le projet.